Le récit de Christine
Propos recueillis par Aurélie Renard
Mon métier, c’est communicante
Cela fait trente-six ans que je suis dans cette entreprise, à la Communication. Je n’ai jamais changé et je n’ai pas voulu aller ailleurs. Mon métier, c’est communicante. J’ai été embauchée parce que le directeur général de l’époque voulait développer la vidéo, technique peu utilisée par les entreprises à l’époque. J’ai lancé cette activité. Je sortais de la fac. J’avais fait Sciences Po, en Infocom, et une maîtrise de réalisation audiovisuelle. C’était mon premier boulot. Je pensais rester cinq ans et j’y suis depuis trente-six ans ! Pendant neuf ans, j’ai réalisé uniquement des vidéos, souvent internes. Après, mon périmètre a un peu changé ; je me suis occupée des supports écrits, comme le journal d’entreprise et le journal des administrateurs de Caisses locales. Puis j’ai eu mes enfants et je me suis arrêtée pendant trois ans. Sur la dernière période, je suis plutôt « multi-supports » ; je mène des projets qui utilisent aussi bien l’écriture, la photo, la vidéo, l’illustration… La spécialisation de mes débuts n’existe plus.
Je me suis longtemps dédiée à la communication interne et je pense que cela reste mon cœur de métier. Mais, les projets sur lesquels je travaille actuellement concernent aussi la communication externe. Par exemple, on a un gros projet qui vient de se terminer, la ré-architecture de notre siège social. Les travaux ont duré plus de deux ans. Dès le début, on a mis en place un dispositif autour de ce projet, avec, tous les quinze jours, un petit clip de deux minutes sur un sujet du chantier. Il pouvait porter aussi bien sur la présentation d’un métier du bâtiment que sur l’avancement des travaux ou la réinstallation de ruches dans le parc. Diffusé en interne ainsi qu’à tous les partenaires (architectes, Bouygues, filiales etc.), ce support a été très apprécié. Un vrai feuilleton hyper suivi ! On est aussi en train de lancer un nouveau site sur notre projet sociétal. Avec ce site RSE, on a la problématique de réaliser des articles et vidéos qui peuvent être diffusés aussi bien en interne qu’en externe. Clairement, cela va être notre défi parce qu’on ne communique bien sûr pas de la même manière sur ces cibles.
Comme toutes les personnes investies, j’ai besoin de retours
Le journal papier, comme la plupart des entreprises, on l’a arrêté. Enfin, je l’ai arrêté. Je n’en pouvais plus d’être toute seule sur ce support qui me demandait beaucoup de temps et d’énergie. Comme toutes les personnes investies, j’ai besoin de retours. Et là, je n’avais plus de retours. Mais je suis sûre que les supports écrits vont revenir en force. Pour l’instant, on réalise le rapport intégré, qu’on publie aussi bien en print qu’en digital. Et puis, on rédige des articles pour notre plate-forme digitale d’informations destinée à tous les collaborateurs et à nos administrateurs de caisses locales. On y retrouve les informations commerciales, tout ce qui a trait à la vie de la banque. C’est notre support privilégié de diffusion pour nos articles et vidéos. Notre équipe gère et alimente cette plateforme, mais nous avons pas mal de contributeurs, dans tous les secteurs de l’entreprise. Au départ, avec mes collègues, nous n’étions pas favorables à cet outil car nous avions peur que nos supports soient noyés dans un flux constant où tout passe, mais rien ne s’arrête. J’ai le sentiment aujourd’hui que cela manque de hiérarchisation des contenus.
J’aime le fait que ça change tout le temps
Christine , Chargée de communication au sein d’une banque régionaleDe la fatigue parfois, mais de l’ennui jamais
En trente-six ans, je n’ai jamais ressenti d’ennui. De la fatigue, parfois, mais de l’ennui, jamais ! Je n’ai pas cessé de changer de projet, de supports, de m’adapter, me renouveler. J’ai toujours eu le sentiment d’être en évolution. J’aime devoir faire preuve de créativité, trouver de nouvelles idées. J’ai en tête un magazine vidéo sur la transformation que nous avons réalisé avec mes collègues pendant 5 ans. Pour chaque numéro, il nous fallait faire preuve de beaucoup d’imagination, de pédagogie pour être le plus attractif et percutant possible. L’humour tenait une grande place dans ce support et a contribué à son succès. Même s’il est délicat à manier, je crois beaucoup en la force de l’humour dans la communication interne !
On peut dire que mes journées sont toutes différentes. Je travaille beaucoup en équipe et j’aime ça. Vidéo, préparation de supports écrits, événementiel, etc…On est un peu sur tous les fronts. Quitte parfois à trop se disperser. C’est un peu l’écueil aujourd’hui. La juxtaposition, c’est fatigant car on n’arrête pas de jongler. Parfois on ne prend pas assez le temps de mesurer l’efficacité de nos actions. Et il faut avoir une grande capacité d’adaptation car les sujets arrivent souvent à la dernière minute. Il faut faire vite, en essayant de faire bien quand même. Mais comme nous formons une équipe soudée et investie, on s’en sort toujours.
Ce que j’aimerais aujourd’hui, c’est redonner toute sa place à la communication interne pure. On a un peu laissé ça de côté pour mener nos grands projets. Pour moi, la communication interne, c’est créer du lien, susciter le sentiment d’appartenance et l’engagement, ce qui est un vrai défi aujourd’hui. Ce qui m’intéresserait, ce serait de réaliser des portraits de collaborateurs, transmettre leurs passions, leurs expériences, aussi bien au travail que dans leur vie personnelle. J’aimerais qu’on arrive à trouver le temps, et de nouveaux supports (par exemple le podcast) pour valoriser ce côté humain. Je suis persuadée que ce serait un vrai « plus » pour tous.
Dans ce registre, je ressens aussi la nécessité d’être davantage à l’écoute des équipes sur le terrain pour mieux connaitre leur quotidien, leurs préoccupations, leurs attentes. L’idéal serait de mener une sorte de road trip pour aller régulièrement dans les agences, à la rencontre des collaborateurs. Ce côté « terrain » manque vraiment, on travaille un peu trop en mode hors-sol. Il faut qu’on arrive à dégager du temps pour ça.
Quand j’ai commencé à travailler, je parlais tout le temps de mon métier à mes proches. Je les soûlais certainement, en fait ! Aujourd’hui, j’en parle beaucoup moins. Je vois bien qu’on est un peu fondus dans la masse. On perd nos spécialités. Moi, j’étais vraiment la « miss vidéo » à l’époque. Aujourd’hui, tout le monde fait des vidéos et j’ai moins ce sentiment d’être une spécialiste. Par contre j’ai gagné en variété sur les projets menés. Au final, je reste toujours aussi motivée et passionnée par mon métier de communicante. J’y mets tout mon cœur, toute mon énergie… peut-être trop, d’ailleurs ! Mais c’est une telle chance d’avoir un métier qui me plait… C’est d’ailleurs le message que j’ai toujours transmis à mes filles… »